mardi 7 juillet 2009

LECARRE John -Un homme trés recherché - cd texte audio mp3


Extrait audio,du début, sauvegardé sur "médiafire",
disponible,seulement,si,étant du"Sud" vous ne pouvez accéder à ce livre
-------------------------------

1 commentaire:

  1. Roman


    L'Allemagne, la guerre contre le terrorisme, les rivalités entre services de renseignement, c'est du Le Carré pur jus. Et sans doute le meilleur texte de l'auteur depuis La Constance du jardinier, publié en France en 2001. Construit au cordeau sur une série de dialogues infiniment subtils et denses, plongeant phrase après phrase au plus profond de la personnalité de ses protagonistes, tendus sur leurs conflits, leurs contradictions, leurs ambiguïtés, Un homme très recherché progresse inexorablement, sans le recours à la moin­dre action, vers une fin aussi tragique qu'éprouvante. Par la seule force des hésitations de ses héros, de leurs détours, de leurs esquives. Et la puissance du regard, le sens du détail, la causticité du verbe de l'auteur, aussi en forme que dans les années 60, quand il était en poste au consulat britannique de Hambourg.

    C'est dans cette ville, justement, celle où vécurent trois des terroristes du 11 Septembre, que se situe Un homme très recherché. Celui-ci, Issa, un jeune musulman d'origine tchétchène, clandestin échappé des prisons russes et turques, trouve refuge chez Annabel, une jeune avocate militante d'une association d'aide aux immigrés. Celle-ci, perdue entre ses sentiments et ses idéaux, remue ciel et terre, en particulier une banque d'origine britannique dont le patron, Tommy Brue, un sexagénaire typique des héros de Le Carré, a hérité des « affaires » de son père, très lié, sur la fin de sa vie, à la mafia russe. Des relations complexes se nouent entre ces trois personnages quand les services secrets allemands, britanniques et américains commencent à s'intéresser à eux. Le roman se déploie alors dans plusieurs directions, explorant les réactions de personnages ordinaires pris dans un combat trop grand pour eux, décrivant par le menu les luttes intestines des polices et officines d'espionnage.

    L'ancien agent du MI6 (le service de renseignement britannique auquel appartint Le Carré) semble toujours très informé, et le constat qu'il fait du travail de ceux qui lui ont succédé est accablant. Sous couvert de lutte contre le terrorisme, ce sont les atteintes aux libertés publiques, le mépris des règles les plus élémentaires qu'il dénonce. Une manière, au nom de la sécurité nationale, de s'asseoir sur les droits des citoyens. Quelle justice avons-nous rendue ?, demande ainsi un membre des services allemands à l'un de ses homologues américains à la fin du roman. « La justice droit au but, mon gars. La justice couillue, voilà quelle justice ! La justice où il n'y a pas de putain d'avocats pour tout embrouiller. » A 77 ans, l'auteur de L'Espion qui venait du froid n'a décidément rien perdu. Ni de son acuité, ni de son ironie, ni de sa gourmandise.

    Michel Abescat

    Telerama n° 3066 - 18 octobre 2008

    RépondreSupprimer